MON
ACADÉMICIEN FRANÇAIS PRÉFÉRÉ :
FRANÇOIS DE CALLIÈRES (corrigé sur la feuille d'autocorrection)
Parmi les académiciens dont Amin Maalouf nous parle, il y en a un que j'ai trouvé particulièrement intéressant. Plus précisément François de Callières, sieur de Rochelay et de Gigny, qui était académicien, diplomate et écrivain à l'époque de Louis XIV et de la Régence. Ce que je trouve le plus remarquable est sa vision de la politique, plus proche des principes de l'Europe communautaire d'aujourd'hui que de ceux du temps de Louis XIV et d'un féru Louis XV. (1)
Il est prouvé que Callières était
un homme sans arrogance, mais aussi sans hésitasions, qui malgré sa
prudence, se présentait toujours d'une façon très transparente. À
cette égard, le duc de Saint-Simon le jugait comme un bon homme,
extrêmement sage et sensé, qui ne craignait de déplaire au roi ni
aux ministres pour dire la vérité et ce qu'il pensait, et qui les
faisait très souvent revenir à son avis. (2)
À l'âge de vingt deux ans,
Callières était chargé d'une première mission diplomatique,
visant ètablier le duc de Longueville sur le trône de Pologne.
L'experience serait tout un défi pour le jeune Callière, puisque le
duc de Longueville serait tué en 1672, en passant le Rhin. Après,
il mènait d'autres missions pour les souverains européens. En 1688,
il publiait un panégyrique du roi, qui lui vaudra d'être admis à
l' Académie française.
Mais son oeuvre plus étonnante pour
l'époque était, sans doute, „De la manière de négocier avec
les souverains“, publiée
l'an 1716, exactement un an avant sa mort. À
ce temps-là, la Régence avait été
instaurée temporairement à cause du trop jeune âge de Louis XV,
heritier du Roi-Soleil. Cette periode-là était marquée par les
excès, le gaspillage et la manque de connexion de la royauté avec
la réalité politique, sociale et économique du peuple. Donc, ce
faisant, c'est surprenant la prudence d'un Callière qui conseille au
lieu de faire face; qui recommende persuader au lieu de pousser à
employer les armes :
„Tout
prince chrétien doit avoir pour maxime principale de n'employer les
armes pour soutenir et faire valoir ses droits, qu'après avoir
tenté et épuisé celle de la raison et de la persuasion, et il est
de son intérêt d'y joindre encore celle des biens-faits qui est le
plus sûr de tous les moyens pour affermir et pour augmenter sa
puissance; mais il faut qu'il se serve de bons ouvriers qui sachent
les mettre en oeuvre pour lui gagner les en coeurs et les volontez
des hommes, et c'est en cela principalment que consiste la science de
la négociation.“ (3)
La politique de Callière était en
avance sur son temps. Même l'économist John Kenneth Galbraith a
reconnu que tout ce dont la négociation internationale a besoin
avait déjà été écrit dans l'oeuvre „De la manière de
négocier avec les souverains“.
En résumant, par rapport à son
goût pour la prudence, l'attentive écoute comme besoin
indispensable pour donner une réponse juste (4)
et sans fourberie (5)
,et la
défense de la médiation pour procurer la paix des nations
(6),
je trouve la thèse de Callière pas seulement convaincant, mais
aussi exemplaire pour nos hommes et femmes politiques d'aujourd'hui.
(1)François
de Callières, „De la manière de négotier avec des
rois et des souveraines“ : „Our bien
connoître de quelle utilité peuvent être les negociations, il
faut considerer que tous les Etats dont l’Europe est composée, ont
entr’eux des liaisons & des commerces necessaires qui font
qu’on peut les regarder comme des membres d’une même Republique,
& qu’il ne peut presque point arriver de changement
considerable en quelques-uns de ses membres qui ne soit capable de
troubler le repos de tous les autres»
(3)François
de Callières, «De la manière
de négotier avec des rois et des souveraines», chapitre 1, Pages
2-3, édition 1716.
(4) François
de Callières, «De la manière de négotier avec des rois et
des souveraines», Page 162 : «L’une des qualitez la plus
necessaire a un bon negociateur est de savoir ecouter avec
attention & avec réflécion tout ce qu’on lui veut dire, &
de répondre juste & bien à propos aux choses qu’on lui
represente, bien-loin de s’empresser à declarer tout ce qu’il
sait é tout ce qu’il desire».
(5)François
de Callières, «De la manière
de négotier avec des rois et des souveraines», Page 168 : «Un
habile Negociateur doit encore éviter avec soin la sotte vanité
de vouloir se faire croire un homme fin & adroit pour ne pas
jetter de la défiance dans l’esprit de ceux avec qui il negocie,
il doit au contraire travailler à les convaincre de sa sincerité,
de sa bonne-foi & de la droiture de ses intentions, pour faire
concourir les interêts dont il est chargé avec ceux du Prince ou
de l’Etat, auprès duquel il se trouve comme le veritable &
solide but, auquel doivent tendre toutes ses negociations».
(6)François
de Callières, «De la manière de négotier avec des rois et
des souveraines» : «Il est encore de l’intérêt d’un grand
Prince, d’employer des négociateurs à offrir sa médiation dans
les démêlez qui arrivent entre les souverains, & à leur
procurer la paix par l’autorité de son entremise, rien n’est
plus propre à étendre la réputation de sa puissance, & à la
faire respecter de toutes les Nations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire