vendredi 27 avril 2018

Un fauteuil sur la Seine: André Siegfried.




André Siegfried est né au Havre le 21 avril 1875. Il est un grand sociologue, historien et géographe français, pionnier de la sociologie électorale.
André Siegfried est élève au lycée Condorcet. D’abord tenté par la politique, à l’instar de son père Jules Siegfried qui a été maire du Havre, député de la Seine-Inférieue et ministre du Commerce, il y renonce après plusieurs échecs, dont quatre aux élections législatives (1902, 1903, 1906 et 1910).


Libre-penseur et protestant au moment où la loi Combes interdit tout enseignement aux membres d’une congrégation (1904) et où la loi de la séparation des Églises et de l'État (1905) est votée, il rédige un essai sur la société canadienne dans laquelle il dénonce les écoles confessionnelles ainsi que l’influence religieuse ambiante. D’abord critiqué par le théologien Dominique-Ceslas Gonthier, son ouvrage est encore aujourd'hui perçu de manières diverses, certains le jugeant trop critique tandis que d'autres en font un reflet fidèle du passé religieux du Canada.


VIE POLITIQUE
Engagé en politique aux côtés des radicaux indépendants et des républicains de gauche, André Siegfried se présente en 1902 dans les Basses-Alpes, dans la circonscription de Castellane, dont le député sortant est le progressiste antidreyfusard Boni de Castellane. Battu par ce dernier, il l'accuse de diffamation et obtient l'annulation de l'élection le 7 novembre suivant. Cependant, à l'élection partielle du 25 janvier 1903, Siegfried est à nouveau battu, avec plus de 500 voix d'écart.
Lors des élections législatives de 1906, il se présente dans la 2e circonscription du Havre contre le député sortant progressiste Louis Brindeau, qui le bat dès le premier tour avec 9194 voix contre 7696.


En décembre 1909, il brigue un poste de conseiller général dans le 4e canton du Havre. Arrivé en seconde position au premier tour derrière le maire radical-socialiste de Graville-Sainte-Honorine, le docteur Valentino, il est battu au second tour.


Le 24 avril 1910, il tente une dernière fois sa chance dans la 2e circonscription du Havre. Il arrive en deuxième position (avec 5 715 voix), devant Valentino (4 255 voix) mais loin derrière Brindeau (8 758 voix). A la fin il est battu au second tour, avec 7 687 voix (contre 10 210 à Brindeau).


SOCIOLOGUE, HISTORIEN, ÉCONOMISTE, ÉCRIVAIN
Il est à la fois sociologue, historien, économiste et écrivain. Il enseigne à partir de 1911 à l'École libre des sciences politiques. Proche du sociologue Gustave Le Bon L'âme des peuples, il publie en 1913 son Tableau politique de la France de l’Ouest sous la Troisième République, ouvrage fondateur de la sociologie électorale dans lequel il insiste notamment sur l’influence de la géologie sur le vote des habitants d’une quinzaine de départements de l’Ouest de la France durant les quarante premières années de la Troisième République. 


Il fait d’interprète pendant la Première Guerre Mondiale. 


Très attaché à sa ville natale, il sera le premier président d'honneur de l'Institut havrais de sociologie économique et de psychologie des peuples (fondé en 1937).


VIE ACADEMIQUE
En 1932, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques. En 1933, il obtient la chaire de géographie économique et politique au Collège de France. À partir de 1934 et jusqu’à sa mort, il collaborera de façon régulière au Figaro. Il devient Grand officier de la Légion d´honneur. Deux mois après la Libération de Paris, le 12 octobre 1944, André Siegfried est élu à l’Académie française, en même temps que Louis de Broglie et Louis Pasteur Vallery-Radot, avec 13 voix au fauteuil de Gabriel Hanotaux. Il s'agit de la première élection depuis l'invasion allemande.
L'Académie, dont une douzaine de membres décédés n'ont pas été remplacés depuis quatre ans, et dont plusieurs autres membres vivent en exil ou sont emprisonnés, ne peut réunir ce jour-là que dix-sept votants, soit moins que le quorum exigé. Ces trois élections sont malgré tout considérées comme valables et les trois nouveaux académiciens pourront même prendre part aux élections suivantes avant d'avoir été reçus en séance solennelle. André Siegfried est reçu le 21 juin 1945 par le duc de La Force.
Il écrit régulièrement dans la revue du diplomate Montguerre, l'Échauguette.


Par ailleurs, il devient le premier président de la Fondation nationale des sciences politiques, en 1945. On lui doit de nombreuses études sur les pays anglo-saxons, la France et la sociologie électorale.


En 1954, il fonde l’Institut des sciences et techniques humaines (Quai de Javel), classe préparatoire aux grandes écoles.


André Siegfried est mort à Paris le 28 mars 1959. Son épouse Paule Laroche, est décédée en 1964.






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